Hago mi mea culpa.
Lo confieso, me encontraba entre esos tunecinos que confiaban en Ghannouchi, esos que creían que era necesario que fuera él el que dirigiera el país a la espera de las elecciones, que pensaban que la última remodelación era absolutamente «perfecta».
También formaba parte, miserablemente, de esos que denigraban a la gente de la Qasba, y con mi orgullo de élite intelectual les decía a los demás, «no entienden nada, piden cada vez más, ni siquiera saben lo que significa la democracia».
Miserable e ingenua, eso es lo que era. Creía que Ben Ali y los Trabelsi eran la única causa de todos los males del pueblo, que el sistema que había detrás de él estaba formado por políticos íntegros que como todos nosotros habían sufrido la presión del ex presidente. Mi fe en Ghannouchi era firme como el hierro, y cuando alguien se atrevía a sacudirme y a intentar despertarme de mi sueño, le decía insolente: «¿A quién quieres poner en su lugar?». Un error más. No había entendido que el dictador había caído pero no su dictadura.
El gobierno de transición me infundía esperanza. Esperé, esperé a que detuvieran a los ministros, los políticos, los hombres de negocios corruptos, pero no lo hicieron.
Detuvieron a tres, tal vez cuatro, que fueron entregados en pasto a la opinión pública para demostrar que hacían su trabajo, mientras que la mayoría de esos hombres enriquecidos a costa del dinero del pueblo, nuestro dinero, están aún tranquilamente en sus casas de yo-qué-se-cuántos millones riéndose de nuestra ingenuidad.
¿Por qué ciertas familias, aun estando implicadas hasta el cuello en asuntos dudosos, han conservado todas sus empresas? ¿Por qué siguen aquí, protegidas por el Estado? ¿Por qué los dirigentes del antiguo régimen, hombres que tienen las manos manchadas con la sangre de 250 muertos, siguen en libertad?
Esperé también que la Asamblea fuera disuelta, que el RCD fuera disuelto y sigo esperando.
¿Por qué los miembros del RCD siguen reuniéndose? ¿Por qué los varios presidentes de la BCT que devaluaron el dinar e imprimieron moneda para la tribu Ben Ali (dinero del que también se aprovecharon) no han sido juzgados? ¿Dónde ha ido a parar ese famoso mandato de arresto internacional?
Me diréis tal vez que todavía es pronto, que el gobierno no puede hacerlo todo al mismo tiempo, pero decidme, ¿qué ha hecho?
¿Por qué los patrones de las grandes empresas del Estado no han sido sustituidos a pesar de que no hicieron más que beneficiarse a su costa?
Este gobierno tenía tres misiones: seguridad, elecciones, justicia. Y lo único que parece preocupar a nuestros dirigentes es destruir las pruebas de corrupción, y rebajar nuestra dignidad lamiéndole las botas a Francia como si todavía no fuéramos más que una colonia.
¿Por qué Ghannouchi se obstina en nombrar a miembros del RCD para los puestos de ministros y gobernadores?
Nuestro primer ministro tiene en sus manos a día de hoy todos los poderes, puede a día de hoy decretar las leyes que mejor le parezcan sin que nadie pueda oponerse. ¿Es esta la democracia que nos había prometido?
¿Por qué la censura está volviendo poco a poco? ¿Dónde ha ido esa famosa libertad de expresión? Las cadenas de televisión ya no dicen nada, ya no hay manifestaciones de oposición al gobierno, nada de contestaciones al régimen, solo ancianos pálidos que asienten frente a los anuncios del gobierno, las joyas, y el 1⁄100 del dinero que la familia Ben Ali no tuvo tiempo de llevarse, solo para demostrar que sí, que han recuperado el dinero. ¿Y como es que Halima Ben Ali está de compras en Jeddah, entonces?
Odio estas comparaciones, pero ¿por qué en Egipto los ministros, los hombres de negocios corruptos están ya todos en la cárcel mientras que Mubarak se ha ido hace tan solo nueve días? ¿Por qué ellos han anulado la Constitución y disuelto el Parlamento y nosotros no? ¿Por qué en Egipto han creado una Asamblea de Jóvenes para que estos puedan hacerse oír, mientras que nosotros, la juventud tunecina, que representa la mitad de la población, tenemos que seguir gritando en la calle para que se dignen a escucharnos?
A todas mis preguntas se me contestará probablemente, «¿a quién quieres poner en su lugar? ¿Quieres que haya un vacío político en el país?». Pero hoy desafío a cualquiera a no encontrar, entre los 10 millones de almas que hay en Túnez, a personas jóvenes, competentes y, sobre todo, íntegras.
Se me contestará también, «espera, espera», pero ya no quiero esperar más, no he hecho más que esperar durante toda mi vida. Durante 23 años, los tunecinos han esperado, pero ahora eso se ha terminado. Esta revolución no llegará a su fin hasta que manos limpias, hombres y mujeres patriotas y dignos de la confianza del pueblo gobiernen el país. Y llegado ese momento, sí, entonces podremos volver al trabajo, para construir a partir de nuevas bases nuestro Túnez.
Mientras tanto, he decidido seguir a los valientes, esos que no se han callado, y he vuelto a la Qasba, y como las miles de personas que estaban ahí he gritado «¡Ghannouchi, lárgate!». Y de esto, sí, estoy orgullosa.
Les déçus de la Kasbah.
Je fais mon mea culpa.
Je l’avoue je faisais partie de ces tunisiens qui avaient confiance en Ghannouchi, ceux qui trouvaient qu’il fallait que ce soit lui qui dirige le pays en attendant les élections, qui trouvaient que le dernier remaniement était absolument « parfait ».
Je faisais aussi misérablement partie de ceux qui dénigraient les gens de la… Kasba et avec mon orgueil d’élite intellectuelle je disais aux autres « Ils ne comprennent rien, ils en demandent toujours plus, ils ne savent même pas ce que ça veut dire la démocratie. »
Misérable et naïve, voila ce que j’étais. Je croyais que Ben Ali et les Trabelsi étaient l’unique cause de tous les maux du peuple, que le système qui était derrière lui était composé de politiciens intègres qui comme nous tous avaient subi la pression du l’ex-président.
Je croyais en Ghannouchi dur comme fer et quand quelqu’un me osait me secouer et tenter de me réveiller de mon sommeil je lui disais insolemment « Qui veux-tu mettre à sa place ? »
Encore une autre erreur. Je n’avais pas compris que le dictateur était tombé mais pas la dictature.
Le gouvernement transitoire me donnait de l’espoir.
J’ai attendu, attendu qu’ils arrêtent les ministres, les politiciens, les hommes d’affaires corrompus mais ils ne l’ont pas fait.
Ils en ont arrêté trois, peut être quatre, qu’ils ont jeté en pâture à l’opinion publique pour montrer qu’ils faisaient leur travail, alors que la majorité de ces hommes enrichis avec l’argent du peuple, notre argent, sont encore tranquillement dans leurs maisons de je-ne-sais-combien-de-milliards à rigoler de notre naïveté.
Pourquoi certaines familles, pourtant mouillées jusqu’au cou dans des affaires louches, ont gardé toutes leurs entreprises ? Pourquoi sont-elles encore ici, protégées par l’Etat ?
Pourquoi les dirigeants de l’ancien régime, ces hommes qui ont leurs mains tâchées du sang de 250 morts sont-ils encore libres ?
J’ai aussi attendu, que l’Assemblée soit dissoute, que le RCD soit dissous et j’attends toujours.
Pourquoi les membres du RCD font-ils encore des réunions ?
Pourquoi les différents présidents de la BCT qui ont dévalué le dinar, imprimé de la monnaie pour la tribu Ben Ali (dont ils ont bien profité aussi) n’ont pas été jugé ?
Ou est donc passé ce fameux mandat d’arrêt international ?
Vous me direz peut être qu’il est encore tôt, que le gouvernement ne peut pas tout faire en même temps mais dites moi qu’a‑t-il fait ?
Pourquoi les PDG des grandes entreprises de l’Etat n’ont pas été changés alors qu’ils n’ont cessé de détourner les profits a leur faveur ?
Ce gouvernement avait trois missions : sécurité, élections, justice. Et la seule chose qui semble occuper nos dirigeants semble être de détruire les preuves de corruption, et bafouer notre dignité en léchant les bottes de la France comme si nous étions encore qu’une colonie !
Pourquoi Ghannouchi s’obstine t‑il a nommer des membres du RCD aux postes de ministres, gouverneurs ?
Notre 1er ministre a aujourd’hui pris tous les pouvoirs, peut aujourd’hui décréter les lois que bon lui semble sans que personne ne puisse s’y opposer. C’est donc ça la démocratie qu’il nous avait promise ?
Pourquoi la censure est-elle en train de revenir petit à petit ? Ou est donc passée cette fameuse liberté d’expression ? Les chaînes de télévision ne montrent plus rien, plus de manifestations d’opposition à ce gouvernement, plus de contestataires du régime, seulement de pâles vieillards qui hochent la tête devant les annonces du gouvernement, les bijoux, et le 1⁄100 de l’argent que la famille Ben Ali n’a pas eu le temps d’emporter pour bien montrer que oui, ils ont bien récupères l’argent. C’est pour ça que Halima Ben Ali fait du shopping à Jeddah alors ?
Je déteste ces comparaisons mais pourquoi en Égypte les ministres, les hommes d’affaires corrompus sont-ils déjà tous en prison alors que Moubarak n’ait parti que depuis 9 jours ? Pourquoi, eux, ont-ils suspendu la Constitution et dissous le Parlement et nous non ?
Pourquoi en Égypte ont-ils crée une Assemblée pour les jeunes afin que ces derniers soit entendus alors que nous la jeunesse tunisienne, qui représentons la moitié du peuple tunisien doit-on encore crier dans les rues pour qu’on daigne nous écouter ?
A toutes mes questions on me répondra sûrement « Qui tu veux mettre a sa place ? Tu veux qu’il y ait un vide politique dans le pays ? ». Mais aujourd’hui je défie n’importe qui de ne pas trouver dans les 10 millions d’âmes de la Tunisie des personnes jeunes, compétentes et surtout intègres.
On me répondra aussi « Attends, attends » mais je ne veux plus attendre, je n’ai fait qu’attendre toute ma vie. Pendant 23 ans, les tunisiens ont attendu, mais maintenant c’est terminé. Cette révolution ne s’achèvera que quand des mains propres, des hommes patriotes en qui l’ont peut avoir confiance dirigeront le pays. Et a ce moment la, oui on pourra retourner au travail, pour rebâtir à partir de nouvelles bases, notre Tunisie.
En attendant je suis allée suivre les gens courageux, ceux que ne sont pas tus et je suis repartie à La Kasba, et comme les milliers de personnes qui y étaient j’ai hurlé « Ghannouchi dégage ! » et ça j’en suis fière.
Article inspirant : http://nawaat.org/portail/2011/02/15/situation-actuelle-en-tunisie/